Jeux de hasard et d’argent
 

Jeu excessif
Forum


LE JEU EXCESSIF

Comment identifier un problème de jeu ?

Toutes les personnes qui jouent peuvent potentiellement développer un problème de jeu,
d'autant plus lorsqu'un événement ou une situation difficile à gérer survient.
Celui-ci peut agir comme un " facteur déclenchant "
 


Les signes suivants peuvent révéler un problème de jeu excessif:

>Etre très excité à l'idée d'aller jouer ou au moment de jouer, et rechercher cette euphorie

>Se laisser aisément influencer par des collègues de jeu, se chercher des prétextes pour justifier
l'envie de jouer

>Jouer pour fuir d'autres problèmes, certaines situations ou sensations désagréables

>Avoir peu d'activités ou d'intérêts en dehors du jeu

>Se sentir seul, s'ennuyer

Les termes pour désigner les joueurs excessifs peuvent variés :
- Joueur pathologique
- Joueur dépendant
- Joueur problématique
- Joueur excessif
- Joueur compulsif
- Ludopathe

Miser de l’argent ou un objet de valeur sur l’issue d’un événement tenant du hasard et relevant de la chance, dont l’issue est plus qu’incertaine
Un trouble progressif caractérisé par:
(Korn DA, Cdn Medical Association Journal, 2000)
–Pertes de maîtrise continuelles ou périodiques sur les jeux d’argent et de hasard
–Préoccupation obsessionnelle à propos d’argent et des moyen de s’en procurer pour jouer
–Pensées irrationnelles sur l’issue des jeux
–Poursuite compulsive de l’activité de jeu, en dépit des conséquences négatives

Ces termes désignent à la fois :
- la notion d’impulsion, qui est un état d’urgence motivant un comportement non réfléchi,
- en général basé sur une obsession mentale préalable,
- que l’action de jouer vient soulager par un comportement compulsif

Caractéristiques des jeux favorisant l’émergence du jeu excessif dans la société:

1/ Accessibilité : heures d’ouvertures, facilité d’accès sans contrôle
2/ Proximité : facilité d’accès par véhicule privé ou transports
3/ Durée d’exposition : possibilité de rester longtemps sans contrôle
4/ Courte périodicité entre la mise et le résultat
5/ Possibilité de gains élevés
6/ Simplicité des règles du jeu
7/ Absence de tiers
8/ Contexte magnifié
9/ Image sociale idéale
10/ Absence de lumière du jour
11/ Absence d’horloge

Plus il y a de joueurs et plus la probabilité de voir se développer des comportements à risque augmente…

Les problèmes liés au jeu excessif augmentent en corrélation avec l’offre et l’accessibilité, de plus en plus d’études le démontrent

L’offre de jeu et son accessibilité dépendent des règles édictées par une société à cet égard
 

 

De plus en plus d’organismes s’inquiètent de l’impact du jeu pathologique, de ses dégâts sur le plan personnel et familial, et aussi de son impact économique et social

Le jeu excessif est un problème de santé publique, toujours plus reconnu comme tel


Indicateurs de l’émergence d’un problème de jeu excessif chez l’individu :

Faisceau d’indices observables en famille

12/ Changement de comportement par rapport au connu
13/ Absences fréquentes et injustifiées du domicile
14/ Absorber dans ses propres pensées
15/ Irritabilité
16/ Recherche de conflits
17/ Critiques et jugements sur les proches, l’entourage
18/ Manque chronique de liquidités
19/ Problèmes d’argent
20/ Retards de paiement, dettes, emprunts
21/ Discours récurent sur l’argent, la société de consommation
22/ Valeurs déconnectées de la réalité, surdimensionnées, tendance à rêver en « grand »
23/ Cadeaux démesurés
24/ Fréquents excès de culpabilité
25/ Alternance d’épisode de déprime et d’euphorie
26/ Variation importante des humeurs
27/ Hyper pessimisme et fatalisme, suivi d’hyper optimisme
28/ Comparaison, honte, complexes
29/ Peu, voire aucune activité extra professionnel
30/ Tendance à l’endettement
31/ Comportements compulsifs
32/ Tendance au tabagisme, voire alcoolisme ou autre forme de dépendance

Faisceau d’indices observables dans la vie sociale ou professionnelle

33/ Absences maladies répétées fréquentes pour motifs peu crédibles
34/ Arrivées tardives répétées
35/ Manque chronique de liquidités
36/ Fréquentes demandes d’avances sur salaire
37/ Difficultés relationnelles sur le lieu de travail
38/ Emprunts fréquents aux collègues
39/ Tendance à l’isolement ou alliances non productives (exemple : leadership autour du jeu)
40/ Tendance aux conflits ou recherche d’alliance
41/ Irritabilité, humeurs instables
42/ Fautes professionnelles, telles que emprunts non restitués
43/ Probabilité que le chômage perdure en l’absence d’un projet de rétablissement

Facteurs de crise pouvant déclencher un comportement de jeu excessif

44/ Problèmes familiaux durant l’enfance
45/ Problématique de la dépendance présente dans le milieu familial
46/ Mal-être, complexes, troubles de l’identité, de la personnalité,…
47/ Anxiété, angoisses, phobies
48/ Mariage
49/ Naissance
50/ Déménagement
51/ Difficulté à trouver un emploi
52/ Stress des performances
53/ Insatisfaction personnelle, professionnelle,…
54/ Conflits, jalousies
55/ Trahison, relation extraconjugale
56/ Maladie, accident
57/ Licenciement
58/ Séparation, rupture, divorce
59/ Deuil
60/ Dépendances (alcool, drogues, relations extraconjugales,…)
61/ Emotions fortes

Le jeu et les risques de suicide

Une personne, sans tendance suicidaire préalable, peut se mettre à envisager le suicide après une succession de pertes liées au jeu (pertes économiques, sociales, familiales, etc)
62/ L’isolement, le culte du secret
63/ La dévalorisation, la manque d’estime de soi, la culpabilité, la honte
64/ La dépression
65/ Le désespoir
66/ La co-morbidité psychiatrique

Le jeu et la criminalité 

Sans l’avoir préalablement envisagé ou conçu, un joueur excessif peut être amené à commettre un délit pour se procurer de l’argent. La plupart des personnes ayant eu recours au délit ne pensaient jamais en arriver là. Ce qui les a conduit à l’acte ?  

 

67/ Le manque chronique de liquidités
68/ L’accumulation de dettes
69/ L’absence de perspectives évolutives (conditions sociales, progression salariale)
70/ Une frustration grandissante
71/ La succession d’échecs et de pertes
72/ Une double vie, le culte du secret
73/ La marginalité
74/ La désinsertion sociale
75/ Les dépendances croisées alcool/drogues et jeu favorisant la dés inhibition

Le jeu excessif se manifeste comme d’autres dépendances:

76/ La dépendance est une maladie chronique et évolutive
77/ Elle intervient au niveau biologique, émotionnel et cognitif
78/ Elle naît d’une conjonction de facteurs complexes. On considère que la dépendance se déclenche au croisement entre une substance (ou un comportement), un contexte donné et un individu
79/ Elle suit une courbe d’évolution identifiable
80/ La guérison totale n’existe pas puisque l’altération des neurotransmetteurs et des récepteurs est irrémédiable
81/ Le soin médicalisé n’est pas la seule réponse à la dépendance
82/ Néanmoins, un rétablissement durable est possible
83/ Le rétablissement de la dépendance est un processus qui implique l’ensemble de la personne et la mise en question de son mode de vie
84/ La conjugaison d’approches cognitives, un soutien aux changements de comportements, la prise en compte de la vie émotionnelle, affective et sociale et l’entraide entre pairs sont les outils d’un rétablissement durable

Le jeu excessif et les dépendances croisées 

Il arrive fréquemment qu’une personne développe plusieurs comportements excessifs, y compris une dépendance à des substances psycho actives. On trouve parmi les joueurs excessifs qui consultent, les croisement suivants :
85/ Tabac environ 60%
86/ Alcool environ 38%
87/ Drogues environ 12%
88/ Compulsions d’ordre sexuel, alimentaire ou achats compulsifs non évalué
89/ Médicaments non évalué
90/ L’incidence des problématiques psychiatriques est mieux connue des milieux spécialisés

Le jeu pathologique c’est :

- la compulsion à poursuivre les pertes ( en cherchant à se refaire)
- des efforts vains et répétés pour cesser de jouer
- jouer en réponse au stress ou à la déprime
- cacher son problème
- le déni , la justification, la rationalisation

Il n’y a pas de profil-type du joueur excessif…

Le jeu excessif peut émerger subitement lors d’un gain significatif ou suite à un changement événementiel : un deuil, un déménagement, une naissance, un mariage, une rupture,…

Le jeu excessif peut également se développer progressivement

Les conséquences


Ce qui différencie le joueur pathologique d’un joueur occasionnel c’est, entre autre, sa propension à continuer à investir de l’argent à fonds perdus, malgré les conséquences toujours plus dommageables et dramatiques que ces pertes engendrent

Ce qui motive le joueur excessif à continuer de jouer c’est l’espoir de récupérer ses pertes, de « se refaire »

L’excitation, la recherche du grand frisson, fait aussi partie des motivations qui poussent les joueurs excessifs à continuer de jouer

La co-dépendance fait partie intégrante du processus évolutif de la dépendance au jeu… : le jeu excessif touche tous les membres d’une famille, et même les amis, l’employeur, les créanciers et d’autres (voir sous Les proches)

Les signes de jeu excessif s’observent AVANT, PENDANT, APRES le jeu:
 

- Avant :
- La pensée obsessionnelle pour le jeu, à l’exclusion de toute autre préoccupation
- La crainte, l’anxiété de manquer une occasion de jouer
- La colère et l’irritabilité contre tout ce qui pourrait empêcher d’aller jouer

- Pendant :
- Une excitation émotionnelle et physiologique (accélération cardiaque, transpiration)
- Des pensées irrationnelles (« ma chance c’est maintenant parce que… »)
- La superstition (« c’est ma machine fétiche »)
- Une concentration extrême et tendue vers le jeu, à l’exclusion de tout autre objet

- Après une perte :
- La culpabilité et la honte
- Les peurs, l’angoisse
- La perte d’estime de soi
- Les promesses de ne plus jamais jouer
- Les troubles du sommeil et de l’appétit
- L’oubli dans l’alcool…

- Après un gain :
- Le soulagement
- La confiance irrationnelle
- Le sentiment de toute puissance
- L’euphorie

Ce qui cause le jeu excessif

Les causes sont sans doute multiples mais l'évolution du joueur et les conséquences de sa dépendance sont très similaires d'un joueur à l'autre

Certains chercheurs avancent l'hypothèse d'une cause génétique ou biochimique à l'origine du manque de contrôle chez les personnes souffrants de jeu excessif. La recherche dans le domaine des neurosciences cherche à établir ces faits

D'autres théories favorisent les facteurs psychologiques comme déclencheurs du comportement de dépendance. Le jeu aurait alors un effet compensatoire d’états intérieurs difficiles à assumer (colère, frustration, manque d’estime de soi, peurs,…)

On parle de maladie dans le sens où le comportement agit sur le plan physique et psychique :

- Comme une drogue, le comportement compulsif crée des modifications au niveau du système dopaminergique et stimule les centres du plaisir
- Il modifie l’équilibre psychique et émotionnel par des excitations intenses par des stimulations répétées, suivies de phases de retrait et d’effet de vide, de « manque », d’anxiété, …
- Le phénomène de l’obsession se traduit par une pensée rivée sur le jeu (obsessionnelle), sur la prochaine occasion de jouer, sur les stratégies pour « agir sur le hasard », la manipulation de l’entourage, les mensonges et les justifications, la rationalisation d’un comportement absurde, le maintien de l’illusion d’être gagnant, de mériter de gagner, de se refaire, …

Le jeu excessif se développe au croisement de la rencontre entre une personne, l’offre de jeu et le contexte de vie de cette personne

Brève histoire de l’abus de jeu

Un des premier cas reporté concerne un égyptien condamné à l’esclavage dans les mines de sel pour avoir jouer à l’excès

Aristote a émis de sévères critiques à l’encontre des joueurs…

Les religions se sont positionnées de manière variée au cours de l’Histoire :

- Le Coran interdisait le jeu
- Le clergé du 11ème siècle s’est fait reproché de retarder l’expansion du Christianisme en encourageant le jeu
- Les juifs excluaient les joueurs des jurys ou des responsabilités publiques en raison de leur manque de parole et de fiabilité


En Angleterre, le jeu n’était pas constitutionnellement interdit, mais de nombreux amendements ont été introduit pour assurer l’ordre public, limiter la délinquance, la tricherie, la corruption

En France, comme en Angleterre, les lois se sont adaptées afin de limiter l’impact négatif des jeux d’argent en instaurant des punitions sévères comme l’esclavage ou l’exécution

Les liens entre les jeux d’argent et la corruption, le crime organisé et le blanchiment sont issus de ces décrets qui, au XIVème siècle, visent à prévenir l’appauvrissement des soldats

La cause des familles, la délinquance juvénile, la sécurité publique ont préoccupé les Etats Unis dès le XVIIIème siècle et a conduit à légiférer en la matière

L’historien John Ashton écrit en 1898 que « le nombre d’hommes jouant excessivement, le nombre de grosses fortunes ruinées par le jeu à cette époque est à peine croyable » Il cite en exemple les cas de Monsieur Charles James Fox ou du Duc de Wellington

Les loteries ont proliféré dans la France du XIXème et ont conduit nombre d’états d’Europe à prononcer des limitations sur les jeux dès 1882


Le joueur excessif se construit une solide croyance au fait que le jeu est la solution à ses problèmes. Cette croyance est renforcée à chaque gain :

- Il cherche par tous les stratagèmes et toutes les manipulations mentales possibles à se convaincre qu’il va pouvoir maîtriser le hasard

- Il nie l’existence du hasard, au profil de la notion de chance et se convainc qu’il va trouver une « faille » dans le système, dans le jeu

- Il quitte la réalité pour se « réfugier » dans un système de pensées irrationnelles

Une bonne nouvelle !
Le rétablissement est possible ! Les personnes ayant perdu le contrôle sur le jeu peuvent espérer surmonter leur dépendance, à la condition fondamentale qu'elles reconnaissent elles-mêmes leur problème et soient désireuses de le résoudre

 

 
Copyright RIEN NE VA PLUS 2006 / design : YDEZIGN.com


mesure audience